La scission de son public se radicalise encore, entre ceux qui voient dans le film la preuve du gâtisme d’un mystique de plus en plus proche de la réaction et une frange catholique de la critique qui n’a plus assez de superlatifs et d’expressions béates pour le porter aux nues. On y retrouve tout ce qui fait le cinéma de Tarkovski : des plans sublimes, une réflexion d’une intelligence vertigineuse, la quête d’un mysticisme qui élèverait l’humanité (sans parler forcément d’une religion en particulier, mais plutôt d’un développement spirituel), etc. Ainsi donc, lors de ce plan d’ouverture qui dépasse les neuf minutes, nous faisons la connaissance d’un homme, d’un enfant et d’un arbre. Michal Leszczylowski , Andreï Tarkovski, Henri Colpi, Photographie : Ici comme dans ses autres films, le réalisateur russe s’adresse avant tout à nos émotions plus qu’à notre intellect. Nous le sentons et souffrons de ne pouvoir connaître la vérité. Mon devoir est de faire en sorte que celui qui voit mes films ressente le besoin d’aimer, et qu’il perçoive l’appel de la beauté. On peut aussi soupçonner dans cette distance linguistique le fait que Tarkovski ne fait plus siennes ces paroles. Victor, son médecin, déplorera qu’Alexander s’enferme encore des ses monologues. Total Recall, de Paul Verhoeven (1990) : Rêver à perdre la raison ? Synopsis : Le Sacrifice est le film testament du grand cinéaste russe Andrei Tarkovski. Ce n’est pas un film, c’est une véritable cathédrale du cinéma. Le sacrifice implique au contraire de placer le souci de soi après celui des siens. Filippa Franzén, Montage : Nous suivons cet état de crise et d’isolement dans une certaine torpeur et sommes embarrassés de ne pas discerner si celle-ci nous fait dévier du film ou si elle en constitue au contraire le propos dans les deux premiers tiers. Son travail de facteur ne lui sert qu’à financer des excursions servant à rencontrer des personnes qui ont été témoins de phénomènes inexplicables. What was once a bustling city, is now roamed … Ce qu’il faut, c’est aimer. Set in the fictional Norvinsk region located on the frontier between Russia and Europe, the metropolis of Tarkov was plunged into anarchy thanks to the Contract Wars. Il s’agit d’une longue parabole dont plusieurs aspects restent assez obscurs. En réalisant une utopie que l’on n’ose même pas rêver (celle d’une classe dominante renonçant d’elle-même à ses privilèges), il se fait paria, dans un sacrifice quasi-christique, mais qui a tout d’un échec. La narration, bien que totalement linéaire, n’a pas la rigueur de ses précédents scripts. Suède, Ils lévitent, dans une image à la sensualité inattendue du besoin humain de se réconforter dans l’intimité face à la douleur de l’existence. Le « sacrifice » d'Alexander, l'offrande de sa vie, opère une purification, une purgation, un passage du profane au sacré, à la manière des rituels si présents dans le film, et du gigantesque feu final La guerre commence alors, des avions survolent la maison. Le Sacrifice est un film apocalyptique, baigné dans cette peur de la guerre nucléaire si caractéristique de l’époque de la Guerre Froide. Toujours est-il qu’ils nous mènent quelque part, vers ce final, parmi les plus poignants qu’ait tournés Tarkovski. Ce qui pointe dans Le Sacrifice, c’est l’angoisse bien présente que ce que Tarkovski n’a cessé de dire (sur la quête de sens, les fourvoiements de la modernité) ne soit que du radotage. Svenska Filminstitutet (SFI), Il y a la peur de la mort, et c’est une chose affreuse. Ce jour-là, une guerre mondiale éclate, plongeant ce petit groupe dans la panique. Suède, France / 1986 / 148 min. Et croire. Le générique du Sacrifice comprend déjà plusieurs des thèmes qui seront développés dans le film. Le premier tiers (avant le passage des bombardiers) m’a personnellement le plus enchanté : de longs monologues d’Alexandre qui s’interroge sur sa vie et son rapport à la société. Pour cela, le Russe Tarkovski a épuré son style et recruté l’un des acteurs fétiches d’Ingmar Bergman. Lui qui a tant insisté sur l’autonomie du cinéma par rapport au théâtre et à la peinture verse ici dans le picturalisme et une gênante théâtralité. Publié le 22 juillet 2020 à 14h00. Récompenses : Grand Prix du Jury, prix du Jury Œcuménique, Prix de la Critique Internationale au Festival de Cannes 1986. Sa première confrontation, à Otto le Facteur, sorte de philosophe du dimanche, est un gentil échec. Nous découvrons en son épouse une quinquagénaire aux comportements de diva, une sorte de marâtre acariâtre incapable d’écoute ou d’une quelconque empathie (le portrait fait plus que friser la misogynie), en sa fille et en l’ami des bourgeois assez quelconques et en Otto, un idiot du village comme l’œuvre de Tarkovski en est pleine, qui dans sa passion du paranormal révèle une sagesse insoupçonnée. Film très personnel, Le Sacrifice reste parfois hermétique, mais comme pour chaque long métrage de Tarkovski, il est totalement possible d’apprécier le film sans chercher à le comprendre. Vient alors toute une présentation de la philosophie d’Alexander, personnage qui s’est retiré sur une île pour fuir une civilisation de plus en plus dépourvue de spiritualité. « Au commencement était le Verbe. Cette maladie a déjà tué en 1982 Anatoli Solonitsyne, l'un de ses acteurs fétiches. » S’il peut l’aimer, son vœu le plus cher se réalisera. C’est donc sur les terres de Bergman (qui n’aimait guère Le Sacrifice) qu’il vient tourner… avec des collaborateurs réguliers du maître suédois. Look up sacrifice, sacrificer, or sacrificial in Wiktionary, the free dictionary. LE SACRIFICE D’ANDREÏ TARKOVSKI Une parabole sur le temps de la in ’œuvre du grand cinéaste russe Andreï Tarkovski Jean-Luc MAROY (1932-1986) n’a pas la réputation d’être facile d’accès auprès du grand public, et sans doute est-ce déjà une raison suisante pour en explorer les énigmes et les mystères ain de la rendre plus acces-sible. France, Genre : Alexander doit éprouver sa propre capacité à désirer le bien. 1986 Réalisé par Andrei Tarkovsky 150 mn avec Erland Josephson, Susan Fleetwood, Allan Edwall. Réservé à nos abonnés. Cet arbre de la vie culturelle, l’artiste ne l’arrose pas pour soi (il n’en verra pas les fruits) mais pour des fils qui prendront la relève, avec la même aspiration à un accomplissement de la liberté humaine, dans la capacité à aimer l’autre. Nous ne verrons nulle trace de la lutte, tout au plus un commentaire télévisé sans que nous ne voyions ce qui est montré à l’écran. Dans l’un de ses rêves, Andrei se contemple dans un miroir lui révélant le visage de Domenico. Inspiré d'une nouvelle écrite par le réalisateur en 1984, ce film récapitule les thèmes fondateurs de son oeuvre, ces thèmes qui, comme il le dit, «viennent du fond de l'âme». Mais si Le Sacrifice nous raconte une apocalypse, c’est avant tout dans le sens premier du mot, celui d’une révélation. Alexandre, lui, dans Le Sacrifice, incité par le personnage d’Otto le facteur, n’a pas besoin de grandes réflexions sur un ordre nouveau pour basculer du côté de la déraison. Ce faisant, Alexander a renoncé au monde (auquel nous n’avons pas accès seul, mais dans une communauté de culture), il s’est insularisé. Tarkovski semble nous dire ici que non seulement il n’aura jamais parlé à sa classe d’accueil (la bourgeoisie "éclairée" européenne), mais que de plus il n’aura pas su s’allier à d’autres. L'Enfance d'Ivan (en russe : Иваново детство) est un film soviétique, le premier long métrage d'Andreï Tarkovski, sorti en 1962, d'après Ivan, une nouvelle de Vladimir Bogomolov, avec Nikolaï Bourliaïev dans le rôle principal. Bien entendu, l’acte de rédemption de l’humanité ne viendrait pas d’une infidélité commise envers l’épouse légitime.