En voici les passages essentiels : « Tu dis que tu ramènes un nain danseur venu du Pays de l’Horizon, semblable au nain que le trésorier du dieu Baourdjeded ramena du Pas de Pount, au temps du roi Isesi. Je fus surtout conquis par la partie sud du portique ouest de la seconde terrasse du temple funéraire d’Hatshepsout, édifié vers 1500 avant notre ère, à Deir-el-Bahari, relatant l’histoire de l’expédition qui eut lieu à cette époque vers le pays de Pount. Plume infatigable, exigeant avec lui-même, honnête, rigoureux, appliquant tout ce qu’il avait enseigné tout au long de sa carrière académique, Pierre Salmon avait la modestie du vrai savant. Arrivés proximité du pays, ils élèvent une grande clôture et se tiennent à l’intérieur ; ils abattent leurs boeufs, les dépècent et exposent la viande sur les ronces, ainsi que les blocs de sel et le fer. Cette tendance à imaginer une Afrique ancestrale originelle recèle, comme le soutient justement Théophile Obenga, une double erreur. On ne trouve plus une Afrique ancestrale, encore vivante dans sa pureté initiale. Après s’être penché sur l’histoire de l’Antiquité, il devint un passionné de l’Afrique. Ils furent en effet les premiers à se rallier à la religion de Mahomet. Les États postcoloniaux. Toutefois, c’est Pierre Gourou, mon ancien professeur à l’Université libre de Bruxelles, qui devait jouer dans ma carrière un rôle déterminant. Le roi des Boga avait avec lui treize cents éléphants, porteurs de tours de cuir superposées, couvertes de plaques de fer, dont chacune contenait six nègres nus, de haute taille, les épaules et le milieu du corps couverts de peaux de panthères et d’autres animaux, armés de boucliers, de lances, de kourbaches, d’arcs, de frondes, de massues de fer et faisant du vacarme des tambours et des cornes. Quelquefois les marchands, après s’en être allés, retournent en cachette. L’ensorcellement est généralement provoqué par la haine, l’envie et la cupidité des voisins. Quelquefois les Sudan s’aperçoivent de l’affaire. son nom à cette partie de l’Afrique. A la veille de la colonisation, en effet, les influences européennes avaient déjà provoqué une altération profonde des sociétés précoloniales décrites par les sources écrites ou par les traditions orales. Ainsi, comme le soulignent Roy Preiswerk et Dominique Perrot, on remarque que le prosélytisme est beaucoup plus prononcé dans les témoignages d’origine ecclésiastique et que l’opérationalité est plus évidente dans tous les travaux consacrés au « développement » du Tiers-Monde. Par exemple, ces sources peuvent pécher par silence : lorsqu’elles ne contiennent guère d’informations sur les Africains. Enfin, le relativisme radical et la xéno-défense sont virtuellement absents du comportement cognitif des auteurs de manuels d’histoire 36 . Il y a tant à l’Est qu’à l’Ouest des historiens soucieux d’objectivité et des pamphlétaires 33  ! Hérodote, Polybe, Diodore de Sicile, Strabon, Salluste, Tite-Live, Pline l’Ancien, Tacite, Plutarque, Ptolémée, saint Cyprien, l’auteur anonyme du Périple de la Mer Erythrée, saint Augustin, Cosmas Indicopleustès et Procope décrivent l’Afrique méditerranéenne et rapportent des voyages maritimes effectués le long des côtes de l’Afrique ainsi que quelques rares expéditions à travers le Sahara. Il est d’usage que les farariyya 90 rompent le jeûne dans la maison du sultan. A. L’Antiquité et le Moyen Âge Il reste quelques textes épars relatifs à l’Afrique provenant d’Egypte ( papyri , ostraka et graffiti rédigés en écriture hiératique, grecque ou démotique), du Proche-Orient (notamment le Livre des Rois dans la Bible), de Grèce, de Rome, de Byzance, du Maghreb, de Chine et d’Europe occidentale. Les habitants sont des Berbères mulaththamun musulmans, qui se nourrissent de viande, de lait, de grains que la terre offre sans qu’on la cultive et de céréales importées. Celui-ci explique d’abord qu’après avoir vécu huit ans en Angola (1652-1660), où il avait été chargé de terminer la construction de deux forts qui assuraient la défense de St Paul de l’Assomption de Loanda contre d’éventuelles incursions hollandaises, il désirait quitter l’Afrique. Introduction générale | Cairn.info. Le cours du fleuve se serait modifié. Le nom Atarantes rappelle le mot touareg ataram (Oued). Salmon Pierre, Nouvelle Introduction à l’histoire de l’Afrique L’Harmattan, Paris, 2007, 299 p. 1 Pierre Salmon, qui nous a quittés en mars 2005, était un ami fidèle de la Société royale belge de géographie. Elle met également l’accent sur le rôle essentiel des femmes. Plusieurs de ces populations étaient totalement, ou en partie isolées : leurs rapports avec d’autres populations n’étaient le plus souvent que des contacts dus au hasard. La population qu’il a rencontrée là, toujours selon ses calculs, se monte à 806 000 habitants. Une des responsabilités de l’historien africain est d’admettre la validité de la tradition orale, en s’efforçant d’élaborer une justification admissible à partir d’un ensemble hétéroclite de sources orales traditionnelles à travers lesquelles apparaissent des géants, des lutins et des héros surhumains. 5. Il est capital de se rendre compte que l’étude des traditions orales, vecteur essentiel du patrimoine culturel africain, n’implique pas une position traditionaliste. Comme il assurait la direction de la 8 e section du Centre scientifique et médical de l’Université libre de Bruxelles en Afrique Centrale (CEMUBAC), il me proposa de participer à une enquête interdisciplinaire sur l’ethnie zande dans le Nord-Est du Congo. Mais Jean Stengers constate que les calculs de Stanley sont faux car il a commis une erreur de multiplication. C’est ainsi qu’Hérodote (environ 485-425), à l’occasion de la randonnée de cinq jeunes Nasamons au delà de l’Oasis d’Ammon 55 , signale « la réapparition des arbres au sud du grand désert et la petite taille des négrilles de l’Afrique centrale 56 » : « Voici toutefois ce que j’ai entendu de la bouche de Cyrénéens ; ils s’étaient rendus, disaient-ils à l’oracle d’Ammon, et étaient entrés en conversation avec Etéarchos, le roi des Ammoniens ; après avoir parlé d’autres sujets, on en était venu à s’entretenir du Nil, à dire que personne n’en connaissait les sources. Elles sont excisées. Les apports de l’Afrique à la science, à la technologie et au développement Paul E. Lovejoy Introduction La découverte scientifique et l’application de la technologie au milieu naturel ont joué un rôle capital dans l’histoire de l’Afrique et la formation de la diaspora africaine à travers le monde, et plus particulièrement aux Amériques. Les marchands font dans le pays des haltes d’environ cinq jours et s’enfoncent progressivement dans les terres, négociant leur marchandise jusqu’à ce qu’ils aient tout vendu. Par exemple, selon certaines hypothèses, le wolof, langue parlée au Sénégal, aurait des origines hiéroglyphiques. Bientôt cependant, la source berbère tarit et le Sudan devint un fournisseur très apprécié » 89 . Le 20 ème siècle a vu la fin de la Guerre d'Afrique du Sud (aussi connue sous le nom de Seconde guerre des Boers) qui a eu lieu de 1899 à 1902, la création de l'Union d'Afrique du Sud en 1910 ; l'implication dans la Première guerre mondiale et la Seconde guerre mondiale aux côtés des Alliés ; la courte victoire du Parti national principalement afrikaner en 1948 ; et, dans les années qui suivirent, la formulation de … Selon ces historiens positivistes, l’écriture stabilisait l’affirmation originale et en rendait la transmission exacte, alors que la tradition orale était par sa nature même une altération ininterrompue. On ne s’étonnera donc pas d’apprendre qu’au cours de ma carrière universitaire, je n’ai jamais manqué, avant une mission scientifique, de consulter Pierre Gourou pour bénéficier de sa riche expérience, de sa pensée féconde et dynamique. Elle souligne que la diffusion culturelle entre l’Égypte et l’Afrique subsaharienne a été bien plus importante qu’on l’a longtemps cru. Al-Khuwarizmi, son contemporain, cite les royaumes de Ghana et de Kankou (Gao). Abderrahman Ibn Khaldun, diplomate, chef militaire, magistrat, historien et grand voyageur, né à Tunis en 1332 et mort au Caire en 1406, donne des détails inédits sur l’Empire du Mali dans son Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale. Etant entré le jour de la Fête chez le cadi, alors que ses enfants étaient enchaînés, je lui dis « Ne les relâches-tu pas ? Pline l’Ancien, dans le livre VII de son Histoire Naturelle écrit : « Toujours en Afrique, il existe, selon Isigone et Nymphodore, des familles de sorciers capables, par leurs incantations, de faire périr les troupeaux, sécher les arbres, mourir les nourrissons » 76 . De leur autre trait de caractère, dérive le misérable état des conditions de vie dans lequel ils ont persisté jusqu’aujourd’hui » 10 . Mon maître me confia l’histoire de la politique de l’administration belge à l’égard du problème zande depuis 1908. En 1969, je retournai au Congo en tant que professeur à l’Université du Congo à Lubumbashi. Je n’ai vu dans [aucun] pays de femmes aussi grasses. Enfin, l’Afrique doit être considérée comme un tout, envisagée dans son ensemble continental, de part et d’autre de la barrière du Sahara, et englober Madagascar et les îles voisines. Entre autres arguments souvent hypothétiques, Martin Bernal suppose que le peuple asiatique des Hyksos, après avoir conquis quelque temps l’Egypte, a colonisé la Grèce à l’âge du bronze, ce qui l’amène à bouleverser la chronologie traditionnelle. Reste à faire une règle de trois. « Parmi ceux qui sont, dit-on, au-delà du désert, les Atlantes maudissent le soleil à son lever et à son coucher comme étant un fléau pour eux et leur pays. Ils se mettent alors sur la trace des marchands et, s’ils s’en saisissent, ils les tuent » 84 . Dès lors, comment ne pas être exaspéré d’entendre ces bons apôtres vanter les conditions de félicité rustique, d’équilibre et de sagesse simple que garantit l’analphabétisme ? Quant à l’absence de vision prétendue des Atlantes, il ne faut pas oublier que le rêve est souvent considéré en Afrique comme une manifestation de sorcellerie que l’on a tendance à cacher soigneusement en vue d’en découvrir l’auteur 75 . L'histoire de l'Afrique rédigée à l'occidentale a conservé jusqu'en 1960 un caractère ethnocentriste dont elle commence à se départir aujourd'hui. Leur action n’aura pas pour conséquence – comme d’aucuns le prétendent – la destruction des races inférieures, mais permettra au contraire à des peuples barbares de franchir les premières étapes du progrès civilisateur. C’est pourquoi les sociétés africaines utilisent, pour construire leur identité, les bois sacrés, les monuments, les cimetières, les mythes d’origine, les vies de saints et de marabouts, les emblèmes, les chansons, les peintures et les objets attachés à des représentations collectives. Ce qui est une aberration dans la mesure où l’histoire a commencé en Afrique, terre d’apparition de l’homme et des premières civilisations étatiques attestées. Valéry RIDDE, Equité et mise en œuvre des politiques de santé au Burkina Faso, 2007. Nous ne devons pas nous abuser sur la façon dont ils expriment la causalité, ni nous imaginer que du moment où ils disent qu’un homme a été tué par sorcellerie, ils négligent entièrement les causes secondaires qui, selon notre jugement à nous, étaient les vraies causes de sa mort. Ou (autre forme d’ethnocentrisme), elles peuvent déguiser l’Afrique sous un masque emprunté à l’étranger : c’est le cas des assimilations superficielles entre institutions africaines et européennes. Edouard Dupont, Directeur du Musée Royal d’Histoire Naturelle de Bruxelles, après un voyage d’études en Afrique Equatoriale effectué en 1887, est frappé par deux éléments caractéristiques en ce qui concerne la capacité intellectuelle des Noirs du Congo. En somme, l’infériorité du Noir lui paraît justifier l’entreprise coloniale britannique. Vers 2300 avant J.C., Herkhouf, gouverneur d’Eléphantine, en ramène un autre de Haute-Nubie (Pays de Yam) et fait part de sa découverte au pharaon Pépi II. Les résistances africaines. , 2007. Evans-Pritchard, la connaissance empirique de la cause et de l’effet. Partisan des théories de Cheikh Anta Diop sur l’Egypte noire, Martin Bernai va plus loin encore en estimant, dans Black Athena 51 , que les historiens occidentaux ont, à partir de la fin du XVIII e siècle, inventé une Grèce ancienne « aryenne » fondée sur les schèmes mentaux de l’eurocentrisme. Toute la terre, en effet, est (remplie) d’or et les mines sont (facilement) repérables chez eux. Au milieu du XIV e siècle, Ibn Battuta, originaire du Maghreb, parcourt l’Afrique et visite l’Egypte, le Zanguebar et le Soudan occidental. La revue lui a d’ailleurs consacré deux numéros. Des enquêtes effectuées avec des informateurs africains aux alentours de Paulis (Isiro), Dungu, Buta, Aketi, Bondo et Ango me permirent de mieux cerner l’organisation traditionnelle politico-sociale et de relever que des abus de pouvoir compromettaient l’emprise de la hiérarchie en milieu coutumier. «Avant l’invention de l’écriture, écrit avec justesse Michèle Duchet, une société est forcément dans la non-histoire, elle est non-histoire. Zygomatique(s): malaise autour d'un film à succès. « Les Carthaginois disent encore ceci : qu’il y a une contrée de Libye, et des hommes qui y habitent, en dehors des Colonnes d’Héraclès 61  ; que, lorsqu’ils sont arrivés chez ces hommes et qu’ils ont débarqué leurs marchandises, ils les déposent en rang le long de la grève, se rembarquent sur leurs vaisseaux, et font de la fumée ; les indigènes, voyant cette fumée, se rendent au bord de la mer, déposent de l’or qu’ils offrent en échange de la cargaison, et s’en retournent à distance ; les Carthaginois débarquent, examinent l’or ; s’il leur paraît équivaloir à la cargaison, ils l’enlèvent et s’en vont ; s’il ne leur paraît pas équivalent, ils remontent sur leurs vaisseaux et s’y tiennent ; les indigènes s’approchent et ajoutent de l’or à ce qu’ils avaient déposé, jusqu’à ce qu’ils les aient satisfaits. Ils n’ont absolument aucune notion de quoi que ce soit. « Il s’établit, écrit Jean-Louis Miège, un lien entre la naissance de l’Histoire et la naissance – ou renaissance – de l’Etat-nation de type actuel » 29 . Ils mettent leurs enfants aux fers s’il apparaît qu’ils négligent sa récitation. L’Islamisation de l’Afrique a pris de l’ampleur au 10ème siècle en Afrique de l’Ouest avec le début du mouvement de la dynastie des Almoravides sur le fleuve Sénégal et à mesure que les dirigeants et les rois africains embrassaient l’Islam. Jusqu’à une période assez récente, l’Afrique (l’Afrique noire en particulier) est considérée comme un continent sans histoire. Il rappelle que, lorsque Stanley publie en 1885 son livre The Congo and the Founding of its Free State , il y livre ses estimations de la population réalisées le long du fleuve Congo et de certains de ses affluents. Du moins la démographie synchronique et prospective. Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous : Réflexions sur les tendances actuelles et sur la recomposition du capitalisme mondial, Chicago : la ville des Bulls et des balles. Une histoire sérielle de l’Afrique n’est pas pour demain ! Gageons que cet ouvrage continuera comme par le passé à mieux faire connaître un continent trop souvent décrié et à susciter de nouvelles vocations. Pierre FANDIO, La littérature, camerounaise dans le champ social, 2007. Barthélemy de Massiac, en tant que laïc, a pu se permettre de décrire plus ouvertement certaines coutumes observées par les Noirs du Congo et de l’Angola. S’interrogeant sur les raisons pour lesquelles l’histoire de l’Afrique est aujourd’hui (et depuis longtemps) si méconnue, marginalisée et même rejetée, elle souligne que l’Afrique a la plus vieille histoire du monde, que celle-ci n’a pas été « découverte » par les Européens, et qu’elle devrait mieux être prise en compte dans l’histoire du monde. Posté par Arouna le 12/12/2020 à 10:21:07. On pense, par exemple, aux parallèles trompeurs entre ‘royaumes’ et ‘aristocraties’ d’Afrique et d’Europe qui sont courants dans la documentation européenne consacrée à l’Ancien Kongo, avec ses rois, ducs, marquis, etc. Certains auteurs contemporains sont d’avis que les Nasamons ont rencontré le Niger — et non le Nil — au cours de leur randonnée. La malédiction n’a d’autre fin que de faire de Ham l’esclave de la descendance de ses frères et c’est tout » 102 . Les habitants sont riches en raison de leur commerce, car ils fournissent le Ghinea et Tombutto de bien des produits. Dossier Thématique. Que pensez-vous de cette affirmation de Joseph KI ZERBO « Les rives qu’il a observées de part et d’autre de ces grandes voies de communication, calcule-t-il, font au total 2 030 miles. Le Nil en effet vient de la Libye et la coupe par le milieu » 59 . Mais il a au moins vu que 1 515 multipliés par 2 ne font pas 2 030, et discrètement, sans un mot d’avertissement au lecteur, il a rectifié les calculs de Stanley. Il offre à l’homme des possibilités que celui-ci exploite selon certaines techniques, d’où les grandes différences des paysages. Parmi les actions blâmables : Les servantes, les femmes esclaves et les petites filles paraissent nues en public, les parties honteuses découvertes. L'histoire de l'Afrique rédigée à l'occidentale a conservé jusqu'en 1960 un caractère ethnocentriste dont elle commence à se départir aujourd'hui. Face à l’imagerie coloniale européenne se développe une nouvelle identité africaine fondée à la fois sur la réalité historique et sur l’imaginaire social. Toute la règle de trois ultérieure est fondée sur ces 2 030 miles de rives. Je demandai à celui qui m’accompagnait: « Qu’a fait celui-ci ? L'application du Traité de fez dans la région de Souss, Le Souss géographique, historique et humain, Le mouvement nationaliste algérien dans le Nord (1947-1957), Conflits d'autorités durant la guerre d'Algérie. DOI : 10.3917/afco.241.0043. Ce manque devient à la limite sa seule définition historiquement correcte » 4 . Abou abd Allah Muhammad al-Idrisi compose en 1154 un traité de géographie intitulé Divertissement de celui qui désire parcourir le monde où il traite notamment du Maghreb, du Soudan, de la Nubie, de l’Abyssinie, du Fezzan, de l’Egypte et de l’Andalousie. La sorcellerie se transmet chez les Zande par filiation unilinéaire de parent à enfant. D’autres érudits marxistes sont d’avis que le continent africain a vu se dérouler sur son sol des types d’évolutions originaux. Il tenait énormément à ce livre et était soucieux de le voir paraître de son vivant. Sur les traces de l’histoire africaine : sonder le passé à partir du présent11 l’histoire humaine, de ses origines à nos jours, appartient à tous. Au xixe siècle, de grands conquérants africains se sont illustrés, comme Ousmane da Fodio et El-Hadj Omar. Les missionnaires protestants se considéraient de leur côté comme des soldats déterminés de Dieu, franchissant les obstacles dus au climat et aux « indigènes » – cette appellation générale cachant en fait l’ignorance de l’identité réelle des Africains – grâce à leur prééminence raciale, religieuse, morale et technique 8 . L’occasion nous est ainsi donnée de lire ou de relire un ouvrage méthodologique qui n’a perdu ni de son actualité, ni de sa pertinence. Ses problèmes particuliers, toutefois, consistent dans le fait que le passé a déjà été altéré par un certain nombre de déformations découlant du préjugé racial, de l’état de dépendance d’une grande partie de l’Afrique et d’une ignorance réelle. Ils ont plusieurs temples, des prêtres et des professeurs qui enseignent dans les temples, car il n’y a pas de collèges. Arrêtons à ce point la relation de ce que racontait l’Ammonien Etéarchos ; ajoutons seulement qu’il disait, d’après les Cyrénéens, que les Nasamons étaient rentrés chez eux, et que les gens chez qui ils étaient allés étaient tous des sorciers. Au I er siècle de notre ère, Pline l’Ancien est d’avis qu’en amont de l’Egypte la limite entre l’Afrique et l’Asie est constituée par le Nil 64 et place en conséquence, dans son Histoire Naturelle , l’Ethiopie et les rivages occidentaux de la Mer Rouge en Asie 65 . Leur zèle à apprendre par coeur le sublime Coran. Évoquant le génocide rwandais de 1994, elle insiste sur le fait qu’il est faux de parler de guerres « ethniques » ; on a affaire plutôt à « des guerres modernes de lutte pour le pouvoir et la terre, s’appuyant sur des revendications identitaires reconstruites et manipulées. « Si l’on pousse à l’extrême la logique de la relativité des cultures, déclare-t-il, on aboutit à l’impossibilité absolue de compréhension mutuelle. La période coloniale : Pourquoi la colonisation de l'Afrique ? Ils étaient au nombre de vingt mille » 80 . Ils les laissent en possession d’un Blanc digne de confiance jusqu’à ce que les ayants droit les prennent. L'histoire de l'Afrique rédigée à l'occidentale a conservé jusqu'en 1960 un caractère ethnocentriste dont elle commence à se départir aujourd'hui. Pénel, et de Boubé Namaïwa, Boubou Hama-Un homme de culture nigérien, 2007. Comment se fait-il que Il faut aussi parfois se méfier de certains ethnologues qui voudraient conserver certaines populations à l’abri de tout progrès technique et matériel. Prenons l’exemple d’un petit manuscrit anonyme de la Bibliothèque Nationale de Paris datant du XVII e siècle et intitulé « Mémoires de la Relation de voiage de Mr de Massiac a Angola et a Buenos Aires » qui donne une description colorée des royaumes de Kongo, de Loango, de Makoko, de Ndongo, de Matamba et de Cassangue 116 . « Les Grecs, souligne-t-il ont appelé l’Afrique Libye et la mer qui l’affronte, libyque ; elle est bornée par l’Egypte, et il n’est pas d’autre partie de la terre qui enserre moins de golfes, avec la longue étendue oblique de son littoral à partir de l’occident. Après qu’ils eurent traversé une grande étendue de pays sablonneux, en beaucoup de journées, ils virent enfin des arbres qui poussaient dans une plaine ; ils s’approchèrent, et se mirent à cueillir les fruits que ces arbres portaient; mais, pendant qu’ils les cueillaient, ils furent assaillis par de petits hommes, d’une taille inférieure à la moyenne ; ces hommes se saisirent d’eux et les emmenèrent ; les Nasamons ne comprenaient rien de leur langue, ni ceux qui les emmenaient de la langue des Nasamons. Parmi leurs bonnes actions : Le peu d’injustice ; ce sont de tous les hommes, les plus éloignés de l’injustice et leur sultan ne pardonne à personne le moindre acte injuste. Or, selon eux, toute histoire ne peut se fonder que sur des documents écrits. Introduction à l'histoire de l'Afrique contemporaine - - Anne Hugon - Retrace les grandes lignes de l'histoire africaine du XXe siècle, du processus de colonisation aux États postcoloniaux. Je ne dis pas qu’anthropologie rime automatiquement avec anthropophagie, que les anthropologues gagnent bien leur vie sur le dos des pauvres primitifs. Evans-Pritchard et le Français Maurice Delafosse, qui avaient souligné dans leurs travaux l’exceptionnelle richesse du passé des sociétés africaines, l’histoire de l’Afrique était considérée en fait comme l’histoire des activités européennes en Afrique : elle visait à justifier l’entreprise coloniale et débutait toujours avec l’arrivée des explorateurs, des missionnaires et des commerçants occidentaux ; même quand elle mentionnait par hasard telle ou telle population autochtone, c’était pour souligner l’importance de l’impact de l’Europe. Plus exactement, l’étude de cette période préhistorique des peuples africains appartient plutôt au domaine ethnographique qu’à celui de la science historique » 14 . - Loin de verser dans l’érudition, l’auteur se concentre sur des faits et des idées essentiels, pose des questions pertinentes et apporte des points de vue éclairants. Il analyse ensuite les traditions orales en soulignant leurs aspects enrichissants tout en montrant l’importance de la critique dans leurs problèmes d’interprétation. Un exemple. Mais, au rebours, les traditions, scrupuleusement recueillies et étudiées, ne révèlent pas un univers « traditionnel » comme le prétend généralement la littérature coloniale. Le pays abonde en grains, en viande et en coton. Il n’y a là rien d’étonnant. Cette Nouvelle Introduction à l’Histoire de l’Afrique se préoccupe surtout de l’Afrique au sud du Sahara. Au début de l’année de mon arrivée au Congo, Léopoldville avait vécu de tragiques journées d’émeute. Citons un autre exemple relatif aux femmes de Nawaba, à quatre jours du Nil, en Nubie : « Les femmes y sont d’une très grande beauté. « Sans chiffres sûrs, écrit M. Singleton, la démographie n’est que démagogie. Pour retracer le passé africain, il faut se plier aux arcanes d’une discipline exigeante souvent négligée au profit d’un journalisme hâtif ou d’une propagande intéressée. Dans son étude intitulée De la créance accordée aux chiffres sans valeur, Jean Stengers s’intéresse à la population de l’Afrique. Devenu chargé de cours au Centre Universitaire de l’Etat à Anvers et collaborateur scientifique à l’Institut de Sociologie de l’Université libre de Bruxelles, je poursuivis ma formation africaine en donnant des conférences sur le racisme et l’histoire de l’Afrique à l’Administration Générale de la Coopération au Développement. L’erreur est d’avoir laissé croire que la culture précoloniale était immuable, et précisément sous ce jour caricatural. Catherine Coquery-Vidrovitch observe qu’on met souvent l’accent sur l’histoire coloniale, mais souligne que celle-ci, sauf en Algérie et en Afrique du Sud, a duré moins d’un siècle, et parfois beaucoup moins. Un exemple : l’Histoire de l’Afrique Noire, due au Hongrois, Endre Sik 30 . Cosmas Indicopleustès, dans sa Topographie chrétienne rédigée au milieu du VI e siècle de notre ère, décrit le trafic de l’or au pays de Sasou, c’est-à-dire au sud-ouest d’Axoum, dans la vallée du Nil Bleu et dans la région qui la prolonge vers le Sud : « Quant à la contrée appelée Sasou, elle est également proche de l’Océan, de même que celui-ci est proche du pays de l’encens ; elle est riche en mines d’or. Car tous ces continents sont articulés les uns aux autres. Celui-ci pense que l’histoire scientifique de l’Afrique « doit, avant tout, indiquer l’issue du labyrinthe de mensonges et d’hypocrisies impérialistes, démêler et dénoncer les mensonges tissés avec finesse et les falsifications des historiens réactionnaires ; elle doit, en même temps, déceler les miettes de vérité bien cachées dans ce labyrinthe pour les mettre en lumière, faire une liaison entre elles pour en former un tableau complet de la vérité, l’analyser et en tirer les enseignements justes » 31 .